Jusqu’à l’âge de 7 ans un enfant au Brésil est laissé à la charge de sa municipalité. Bien souvent, dans les régions les plus pauvres, les municipalités n’ont pas les moyens (ou ne se donnent malheureusement pas toujours les moyens) d’ouvrir des écoles de pré-scolarisation. Nous ne pouvons pas laisser les enfants sans savoir lire et écrire, indépendamment des conditions de vie de chacun d’entre eux...

L’Association Santa Vitória a créé une école pré-infantil dans le grand village de Santa Vitória, dans l’Etat du Maranhão au Brésil, à quatre heures d’une route tortueuse de la première ville. Pendant les cinq mois de période des pluies, la route est impraticable et laisse difficilement passer quelconque moyens de transport. A Santa Vitória il n’y a pas de médecin.

Les enfants apprennent en priorité à lire et à écrire. Le respect de l’autre, l’éveil moteur ou encore l’hygiène sont des éléments tout autant appliqués dans l’école. Notre travail est aussi de renforcer le lien social à travers la santé. Les enfants sont pris en charge en cas d’urgence et les familles sont suivies pour des conseils santé ou en ce qui concerne les différentes formes de prévention.

12.9.08

Geane

Qui sont les instituteurs de l'école “Robin Hood” ? Qui prépare la ‘merenda’ (le gros goûter) pour les 55 enfants ? Qui nous aide et comment ? Combien de personnes composent notre ‘troupe’ ?
Pour répondre à ces questions et à tant d'autres que nous entendons souvent, nous entamons une série de portraits de l’équipe.
À travers leurs mots, nous pourrons même, j’espère, mieux comprendre comment se passe la vie dans la région de Santa Vitória. Ce mois-ci, découvrez Geane, maîtresse dès les balbutiements de l'école.



Geane avait déjà exercé sa fonction de maîtresse, pendant un an, dans l'école de padre Ambrogio, le moine ami qui m'a laissé l'héritage moral de créer une nouvelle école et de continuer son projet concernant l'éducation dans la région.
Je me souvenais d'elle, je l'avais même interviewée dans un des mes ‘documentaires’ à la caméra, et j’ai toujours pensé qu’elle pouvait faire une maîtresse de qualité et d'expérience pour notre école.

Geane a 30 ans, elle a deux enfants, Henrique, 12 ans et Mateus, 10 ans. José, son mari, 41 ans, vient tout juste de rentrer de Guyane française, où pendant un an il a été chercheur d'or, un “garimpeiro”, clandestin. Une activité très dure et très risquée. Mais de toute façon, comme il dit lui-même, il a gagné plus d'argent que s'il était resté à Santa Vitória en travaillant dans son petit bar, ouvert il y a quelques années déjà, et aujourd'hui fermé.

Lorsqu’ils se sont mariés, Geane avait à peine 16 ans. Aujourd'hui, elle réussit à concilier son travail le matin à l'école et son ‘travail’ de maman, à la maison.
C’est une belle organisation, parce qu'à Santa Vitória il n'existe pas de four à micro-ondes ! Il n'existe pas d'aspirateur !. Et la poussière ne manque jamais dans ces maisons sans plafond !

Cédric : Geane, comment tu vois le rôle des femmes dans le Maranhão?

Geane : Sans vouloir nous glorifier, en général, je crois que les femmes sont bien plus intéressées à rendre leur vie meilleure, et celle de leur famille, que les hommes.
Ici, dans l'interior, lorsqu’apparaît une opportunité, très rare, d'amélioration et de croissance de notre vie, c’est la femme qui fera l'impossible pour l'obtenir. Et en même temps, elle assumera son quotidien de femme au foyer et de maman, sans jamais se plaindre, pour le bien de toute la famille.

Cédric : Qu’est ce que ça représente pour toi d’être maîtresse d’école?

Geane : C’est une grande joie et une satisfaction de pouvoir transmettre ce que nous savons à une autre génération.

Cédric : Quelles sont les difficultés rencontrées dans ton travail ?

Geane : Les parents des enfants de l'école n'ont pas la notion juste de l'importance que cela représente de nous aider nous, et leurs enfants. Car beaucoup ne sont pas ‘instruits’, beaucoup sont analphabètes.
Je voudrais qu'ils communiquent avec moi. Qu'il y ait une meilleure relation. Ils ne font pas les devoirs à la maison avec leur enfant, par exemple. Ils ne nous disent rien...
En revanche, attention à toi.., lorsque tu dois leur annoncer que leur enfant est désormais grand et doit rejoindre l'école publique ! Ils sont très attachés à notre école, mais le rapport instituteurs-parents n'existe pas.
Cela me désole parce que ça m'aiderait à mieux comprendre l'enfant et le comprendre aussi comme élève.

Cédric : Quelle est l'importance de l'école Robin Hood à Santa Vitória?

Geane : Nous sommes dans la phase et la tranche d'âge la plus importante pour l'enfant. C’est la base. A Santa Vitória, la tentation de ne rien faire est très forte. Nous avons un soleil chaud pendant toute l'année et un beau fleuve où se baigner. Les enfants jouent ensemble dans les rues toute la journée.
Ils doivent apprendre à aimer l'école, et ceci est notre épreuve qui, peut-être, est plus difficile à réaliser que chez vous, en France ou en Italie. Parce que si nous ne réussissons pas à leur donner le bon goût et le côté positif de l'école, ils ne voudront jamais continuer.
Ne pas avoir une école pour les préparer à la grande l'école, l’école publique, ce serait irresponsable !

Cédric : Geane, il y a deux ans, tu as vécu un des évènements les plus terribles qu’une maman puissent vivre ; comment parvient-on à continuer de sourire et à avoir le courage d'aller à l’école tous les jours?
(Geane était enceinte de 9 mois et les médecins d'une commune voisine ont laissé mourir le bébé dans son ventre..C’est elle, qui, ne sentant plus bouger le bébé, a dû crier afin qu'ils fassent quelque chose, et ils ont, avec des moyens préhistoriques et de façon épouvantable, extrait le corps du bébé déjá mort)

Geane : En levant la tête et avec l'aide de Dieu. Nous sommes catholiques pratiquants. Pour moi, Dieu est la solution. Il faut avoir beaucoup de foi à l’intérieur de soi. Je lui confie mes maux. C’est comme si j'avais très soif, en plein milieu du désert, et que quelqu'un arrivait avec un verre d'eau.

Cédric : Pour terminer, qu'est-ce que tu voudrais dire aux lecteurs de notre Blog ?

Geane : Pour commencer, je voudrais remercier toutes les personnes qui pendant ces 4 premières années nous ont été proches et ont soutenu un village très pauvre en aides. On se sent moins seul.
Je voudrais remercier énormément aussi les personnes qui font ce Blog. Trop d'enfants ont besoin d'aide et il est primordial de le racconter. Nous parlons d'enfants et donc du futur.





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