Jusqu’à l’âge de 7 ans un enfant au Brésil est laissé à la charge de sa municipalité. Bien souvent, dans les régions les plus pauvres, les municipalités n’ont pas les moyens (ou ne se donnent malheureusement pas toujours les moyens) d’ouvrir des écoles de pré-scolarisation. Nous ne pouvons pas laisser les enfants sans savoir lire et écrire, indépendamment des conditions de vie de chacun d’entre eux...

L’Association Santa Vitória a créé une école pré-infantil dans le grand village de Santa Vitória, dans l’Etat du Maranhão au Brésil, à quatre heures d’une route tortueuse de la première ville. Pendant les cinq mois de période des pluies, la route est impraticable et laisse difficilement passer quelconque moyens de transport. A Santa Vitória il n’y a pas de médecin.

Les enfants apprennent en priorité à lire et à écrire. Le respect de l’autre, l’éveil moteur ou encore l’hygiène sont des éléments tout autant appliqués dans l’école. Notre travail est aussi de renforcer le lien social à travers la santé. Les enfants sont pris en charge en cas d’urgence et les familles sont suivies pour des conseils santé ou en ce qui concerne les différentes formes de prévention.

9.12.09

Une défaite pour mieux rebondir ?

Comme vous le savez déjà, si vous suivez notre Blog, l’Escolinha Robin Hood ‘sponsorise’ la jeune équipe féminine de foot de Santa Vitória ! Une fois par an, nous achetons notamment un ballon et un jeu de maillots..

En ce mois de novembre, un grand tournoi attendait nos joueuses, dans la ville de São Roberto, dont l’équipe est l’ennemi juré !



10 équipes réparties en 2 groupes. Petit terrain pour des matchs en 50 minutes, à 6 contre 6.
Une prime de 1000 réais (400 euros) pour le vainqueur et, pour le finaliste, de 500 réais (200 euros), ce qui est record pour la région.
Voilà pour les chiffres !

Nos filles ont brillamment atteint les demi-finales, après avoir terminé à la première place de
leur groupe.

Elles se sont finalement inclinées 2 à 0 face à São Raimundo, futur vainqueur du tournoi (face à São Roberto)..aux portes de la finale !


Une demi-finale rocambolesque, où le ballon semblait ne pas vouloir entrer dans les cages adverses. Entre des buts ‘tous faits’ incroyablement ratés par nos attaquants mais aussi des cages adverses certainement trop petites !!
Comme cela arrive souvent dans le football, après avoir raté nombre d’occasions, en toute fin de partie, les filles d’en face ont marqué deux buts coup sur coup. Assommées, nos jeunes footballeuses, sont reparties ‘meurtries’, et, une fois revenues à Santa Vitória, elles en pleuraient encore !

Nous avions prévu, avec l’éventuel gain, d’essayer petit à petit, d’améliorer leurs conditions d’entrainement et d’acheter des chaussures pour chacune d’elles. Ce sera pour une prochaine fois ! On se l’est promis...

Pour accompagner les photos, je dois vous raconter le parcours qu’elles ont fait à chaque matchs, pour rejoindre la ville où avait lieu le tournoi : rendez-vous au bord du fleuve Mearim de Santa Vitória ; traversée du fleuve en canoë, puis, 40 minutes à pied, afin d’arriver dans un village intermédiaire où une voiture les amenait à São Roberto en une demi-heure.














Déménagement !

Il y a cinq ans, lorsque j’ai décidé, martel en tête, de recréer une petite école à Santa Vitória, mon projet a toujours été d’être ‘logé’ là où, à l’époque, il existait l’école « Maria Menina » de Padre Ambrogio (notre prédécesseur), dans la paroisse du village. Un lieu calme, très accueillant et où l’espace est roi.
A l’époque, de grandes contraintes avaient empêché le projet de se concrétiser.
Aujourd’hui, après d’âpres aventures, c’est chose faite !

Bien évidemment, cette nouvelle étape dans la vie de notre escolinha, est provisoire. Nous sommes dépendants du bon vouloir des padre capucins, qui, comme vous le savez, ont un système de roulement et sont mutés tous les deux ans.
Frei Messias, le jeune père capucin, qui a convaincu ses supérieurs pour notre venue dans la paroisse, ne devrait en effet pas rester.

Cela dit, comme une bonne nouvelle ne vient jamais seule, le bâtiment que nous occupions encore il y a quelques jours, nous appartient aujourd’hui! Grâce à la générosité d’un formidable donateur, nous savons que, quoi qu’il advienne, nous possédons notre propre immeuble.
Pour mémoire, ce bâtiment est une vieille église évangélique. Il se sera passé plus d’un an et demi depuis la mise en vente de ce bien. Un an et demi durant lequel le prix n’a cessé de jouer au yoyo, durant lequel les négociateurs ont joué avec nos nerfs, et où il a fallu comprendre QUI vendait, et comment se protéger d’un tel achat.



Quelle est notre idée ?

Nous comptons réformer, petit à petit, notre bien acheté. Repousser les murs, donner un ‘coup de neuf’ à l’intérieur et faire de l’impraticable jardin, un lieu de récrée et de cultures diverses (plantes, arbres fruitiers..).
Nous nous fixons un délai de deux années.
Pendant ce temps, en plus des travaux, nous mettons sur place un nouveau chantier : développer un pôle culturel à Santa Vitória, où les jeunes pourraient goûter au théâtre, à la musique, à la peinture, à la littérature sous la forme d’une bibliothèque, ..Bref, un lieu d’expression artistique.

C’est un beau projet à l’état de projet qui ne se développera véritablement qu’avec beaucoup de moyens.
Je recherche aujourd’hui des appuis dans notre région maranhense et nous demandons aussi l’aide du gouvernement brésilien.

Quel plus beau cadeau de Noël que de pouvoir offrir au village et à ses enfants, une nouvelle école et un futur qui se concrétise ?



12.11.09

L'Indépendance à Santa Vitoria

La fête de l'indépendance est la fête nationale du Brésil et un jour férié officiel.
Elle est célébrée avec des défilés représentant l’histoire du Brésil et ressuscitant des personnages historiques.

A Santa Vitória, cette commémoration était oubliée depuis près de 10 ans.
Ce défilé a donc été (re)pris en main par l’équipe de l’école Robin Hood.
Un gros boulot, de sacrées émotions et un énorme succès.

Le but était aussi de rendre hommage à ceux qui contribuent de façon directe ou indirecte à la construction et la renommée de cet énorme pays qu’est le Brésil.

23.8.09

Oficina

Envoyé via mail de Barra do Corda, par l’institutrice : Marcicléia.


OFICINA (Atelier)----> Objectif général:

- Développer la créativité des enfants,
- Développer leur coordination motrice,
- S’amuser et découvrir





Matériaux utilisés:
Noix de coco, Laine, Colle, Encre gouache, Ciseaux, Pinceaux

L’atelier a eu lieu le 22 Juin 2009, dans le but d'encourager les enfants à produire leurs propres jouets.
Au cours de l'atelier, nous avons vu la grande participation et l’intérêt des enfants, qui ont été ravis de voir le résultat final de leurs travaux.
Au fil du temps, leurs jouets ont pris forme, les enfants étaient déjà très concernés et appliqués, ils donnaient des noms à leur poupées, leur inventait des histoires, tout en utilisant leur imagination et donnant vie à leur création.
Il convient de noter que, au cours de l'atelier, chaque enfant a fabriqué une marionnette ou un autre jouet en fonction de sa propre personnalité.
L'atelier a également servi à faire en sorte que les enseignants connaissent un peu mieux leurs élèves. Grâce à cette initiative, les instituteurs pourront davantage comprendre les enfants de notre école et les aider à avoir un meilleur développement psychologique et éducatif.


29.7.09

Francisca

Comme vous l’aurez compris en lisant l’article précédent, Francisca est notre ‘ chef cuisinière’.
Lors de l’interview, le cadre du récit ‘famille-travail’ a été dépassé.
Son parcours est assez incroyable pour une jeune fille de seulement 22 ans, et il me semblait intéressant de vous en faire part.
Notre école est composée de personnes ayant une histoire personnelle aussi agitée que la route qui relie le village à la ville de Barra do Corda !


Francisca arrive d’un petit village appelé « Lagoa Vermelha ».
Il y a deux ans, 80 personnes peuplaient encore Lagoa Vermelha.
Il y avait une école publique qui peu à peu s’est détruite et personne ne l’a réparée. L’école n’a plus fonctionné, la mairie de Barra do Corda ne s’en est pas préoccupée, et les habitants ont quitté les lieux, progressivement.
Aujourd’hui, il reste une dizaine de personnes qui travaillent la terre. Le mari de Francisca en fait partie. Il ne retrouve sa femme et ses enfants à Santa Vitória que le samedi, pour déjà repartir, à Lagoa vermelha, dans la nuit de dimanche à lundi.

Francisca était plutôt destinée à une vie de citadine.
Elle évoque ses plats préféres et ce qu’elle aime cuisiner, lorsque je lui demande si c’est sa maman qui lui a transmis la passion de la cuisine.. Je sens alors comme une une faiblesse, une larme intérieure :

- Non, ce n’est pas ma maman. Mes parents se sont séparés quand j’avais 3 ans, et je n’ai jamais revu ma mère, Explique t’elle.
Mon papa lui en a voulu, il nous a toujours dit qu’elle nous avait abandonnés.
Nous étions 4 enfants à la maison. Maman est partie avec mon frère de 1 mois.
Papa est tombé malade assez vite, il ne pouvait plus s’occuper de nous, et nous avons dû, mes frères et moi, nous séparer chacun de notre côté.
Je suis partie vivre dans la ville de Tuntum (toujours dans le Maranhão), chez mon arrière grand-mère.
Je vivais une enfance assez tranquille jusqu’à ce que mon arrière grand-mère décède. J’avais 13 ans. ».

- Et qu’as-tu fait ?

- Je suis allée à São Luis (capitale du Maranhão). C’est une lointaine parente qui m’hébergeait.

- C’est à São Luis alors que tu as appris à faire la cuisine ?

- Notre voisine avait une ‘lanchonete’ (un mini-resto).
Cette parente chez qui je vivais, s’est séparée de son mari, je suis donc allée vivre chez la voisine. Je travaillais dans sa lanchonete comme employée et, dans sa maison, en tant que femme de ménage ; en échange, elle m’hébergeait.
C’est là que j’ai appris à faire à manger, j’ai même appris à faire du pain!

- ..Et c’est là que, enfin, tu as trouvé la stabilité..

- Non. Pas du tout. Je suis tombé enceinte à 14 ans d’un garçon de 27 ans. Je souhaitais retourner à Tuntum mais lui ne voulait pas m’accompagner. Mon père était souffrant, je souhaitais le voir. Je suis partie toute seule, enceinte.

- Qu’était devenu ton père ?

- Mon père avait refait sa vie. J’ai habité chez lui pendant deux mois, mais sa nouvelle femme était odieuse et ne voulait pas de moi à la maison.
J’ai pensé repartir à São Luis et c’est à ce moment que j’ai rencontré celui qui allait devenir mon mari. Lui, ne souhaitait pas me voir repartir à São Luis. Il travaillait déjà à l’époque à Lagoa Vermellha, sa famille vivait là-bas, et, par amour, je suis partie habiter avec lui ..et avec mon fils!

- C’est toujours assez compliqué de repartir de la ville et aller vers un village perdu, non ?

- (elle sourie) C’était un vrai retour en arrière. Il fallait aller chercher l’eau au puits, s’occuper des animaux, et surtout travailler aux champs ! Je n’avais que 16 ans. Il n’y avait pas non plus de route digne, et, en saisons des pluies, en cas de blessure grave, les hommes du village transportaient les malades dans un hamac suspendu et attaché à deux bouts de bois, les pieds et les jambes dans la boue, pendant des heures. Ça m’a marquée.

- Tu n’as jamais eu de nouvelles de ta maman ?

- Si, l’année dernière! Elle m’a écrit une lettre qui a fait un périple incroyable avant de m’arriver dans les mains ! Je l’ai appellée il n’y a pas si longtemps, pour la première fois.

- Et tes frères ?

- Celui qui est resté avec maman est mort d’une congestion en se baignant au fleuve quant il était enfant.
Ma soeur et mon autre frère sont repartis vivre dans une même maison, il y a un an de ça ! On a prévu de se revoir.

- Quelle dernière année !..Mais surtout quelle vie..As-tu déjà le recul nécessaire pour analyser ton parcours jusqu’à aujourd’hui ?

- J’ai appris beaucoup de choses. J’ai l’impression que je peux survivre à tout ! (elle rigole) Je me sens plus forte.
Elle hésite.. Par contre je n’ai pas étudié comme je l’aurais souhaité. C’est mon grand regret. Je me suis mariée très jeune. Aujourd’hui, j’ai trois enfants, et je ne veux pas qu’ils vivent séparés. C’est presque une angoisse. Je veux qu’ils étudient le plus possible.
En fait, je souhaite leur donner tout ce que je n’ai pas eu.

- Tu as des rêves ?

- Beaucoup! Je veux rencontrer ma maman, on a plein de choses à se dire.
Mon plus grand rêve, même si je sais que ce n’est qu’un rêve, c’est de voir ma famille réunie. Je nous imagine dans une même maison, mes parents ensemble avec mes frères et ma soeur.
Bon, je sais que ce n’est pas possible, mais j’aimerais tellement au moins que tout le monde pardonne tout le monde et qu’on puisse, à certaines occasions, passer du temps tous ensemble.


(Photos : Francisca avec sa fille - qui est à l'école Robin Hood - ET parmi ses 3 enfants devant leur maison)

Indispensables Neiva et Francisca!

Qui sont les instituteurs de l'école “Robin Hood” ? Qui prépare la ‘merenda’ (le gros goûter) pour les 60 enfants ? Qui nous aide et comment ?
Pour répondre à ces questions et à tant d'autres que nous entendons souvent, nous avons décidé de vous présenter une série de portraits de l’équipe.
À travers leurs mots, nous pourrons même, j’espère, mieux comprendre comment se passe la vie dans la région de Santa Vitória.


Je tenais à vous présenter deux personnes qui font partie de notre équipe à Santa Vitória et qui ne sont pas des instituteurs.
Deux personnes indispensables au bon fonctionnement de notre projet.



Neiva est ‘Zeladora’. Ce mot signifie ‘concierge’ en portugais. Elle a la responsabilité du bâtiment, du jardin, des travaux et de l’hygiène générale.

Francisca est ‘Merendeira’. Elle est responsable du menu et du repas servi chaque jour aux enfants.

Neiva a trois enfants de trois papas différents. Elle vit avec sa dernière fille, Kelly, et le papa de celle-ci. C’est Dona Raimundinha qui a fait naître Kelly, à la maison ! (voir notre article sur Dona Raimunda).

Chez la maman de Neiva vivent 17 personnes ! Dont tous les petits-fils qui ont un papa qui n’a pas reconnu l’enfant. Neiva passe beaucoup de temps chez sa maman afin de l’aider.
Le bruit et la confusion ne l’épouvantent pas, elle aime les grandes familles et elle est habituée à vivre au milieu d’une grande marmaille.

Neiva a étudié en prenant son temps. Elle a terminé ses études à 27 ans. Elle a arrêté une fois, puis a repris, avec courage. Elle n’a pas pu obtenir son bacalauréat brésilien car à Santa Vitória on ne peut pas aller bien loin dans ses études :
« J’aurais aimé être institutrice, mais je n’ai jamais eu les moyens de sortir du village », dit-elle.

Notre Zeladora insiste sur une de ses missions, sur laquelle nous avons beaucoup travaillé depuis les débuts de l’école : les petis mots magiques de politesse !
Dire bonjour à chaque enfant qui entre dans l’école le matin, attendre un bonjour en retour...
Francisca, elle, attend avec impatience, avant de déposer l’assiette du repas sur la table, que nos chérubins prononcent le fameux mot «merci».

Laver les mains des enfants, contrôler la propreté de chacun...

« L’éducation commence à la maison. Malheureusement c’est très rarement le cas à Santa Vitória, car justement, personne n’a reçu cette éducation étant petit » raconte Neiva.

Puis vient l’éducation du palais !
Francisca : « De très nombreuses écoles n’offrent pas de repas. Ce sont les parents qui doivent laisser à leurs fils quelque chose à grignoter. Beaucoup d’enfants arrivent à l’école sans avoir pris de petit déjeuner. Leur offrir un gros goûter, voire un bon repas, c’est très important je crois ».

L’effort porte aussi sur la diversité et la découverte de nouvelles saveurs.
« Je fais de la soupe avec des légumes et de la viande une fois par semaine. Au début, les enfants ne voulaient pas en entendre parler ! Aujourd’hui l’assiette revient vide » ..Francisca évoque aussi son ‘Cha de burro’, autrement dit, en portugais dans le texte, son ‘thé d’âne’ ! :
« Le cha du burro est une boisson faite avec du maïs, du lait et de la noix de coco. Les enfants étaient assez réticents, puis, finalement, ils en redemandent toujours ! » Raconte t’elle.

« C’est notre façon à nous d’enseigner », conclue Neiva, qui rêve toujours d’être institutrice.
« On se sent très responsables, notre fonction dans l’école est reconnue, on a un vrai rôle à jouer ! » ajoute Francisca.

Pouvez-vous nous offrir le secret d’une recette typique de la région, comme cette délicieuse ‘Mangusta’ que vous avez préparée pour un de nos ‘repas spéciaux’ (voir article du Blog) ?


MANGUSTA :

Cueillir les mangues des arbres. Les laver. Les mettre dans une casserole et faire bouillir l’eau. Laisser 10 minutes sur le feu et elles sont cuites.
Laisser refroidir et retirer la peau.
Ne garder que le fruit(retirer le noyau!) et passer cette pulpe au mixeur, avec du lait, du sucre et de la noix de coco cueillie sur l’arbre.
Votre mangusta est fin prête !
Un délice..

Neiva et Francisca, un mot pour nos lecteurs ?.. :
« Nous remercions beaucoup tous ceux qui aident au développement de cette école, nous espèrons qu’ils ne vont pas nous abandonner. Nous ne souhaitons pas retourner à l’état de pierre sans école au village. Il existe des endroits, dans ces régions défavorisées du Brésil, où les enfants doivent marcher pendant des kilomètres pour pouvoir rejoindre leur école, une école qui n’est pas conforme à leurs besoins, où l’enfant n’est pas pris en considération et où il n’y a pas de repas ! ».


(Photo: Neiva avec ses deux enfants)

27.6.09

Dia dos Indios

Nous avons fêté dignement et allègrement les Indios du Brésil en ce jour de commémoration nationale (avec quelques jours d’avance, le 19 avril étant, cette année, un dimanche).
Cette journée s’insère dans ce que nous avons appelé nos «journées culturelles» à l’école.
L’objectif principal est d’essayer de comprendre les racines historiques d’une journée de ‘fête’, mais aussi d’initier les enfants à la créativité et à l’artistique.

Nous en avons profité pour faire notre ‘goûter spécial’, un plat typique que nous proposons aux enfants et qui remplace le traditionnel repas de 10h.
D’un commun accord nous avons opté pour des aliments dont se nourissent les Indios ! Au menu un délicieux gâteau de macaxeira (forme de manioc que l'on cuit dans l'eau) et des beijus de tapioca.
Une journée très réussie !



Historique

Les brésiliens commémorent tous les ans, le 19 avril, le Jour de l'Indios. Cette date commémorative a été créée en 1943 par le président Getúlio Vargas, à travers un décret de loi.
Pour comprendre le choix de la date, nous devons retourner en 1940. Cette année fut l’année du Premier Congrès Indigeniste Inter-Américain, au Mexique.
En plus de compter avec la participation de diverses autorités gouvernementales des pays de l'Amérique latine, plusieurs chefs indigènes de ce contiment ont été invités pour participer aux réunions et aux décisions. Néanmoins, les Indios n'ont pas comparu les premiers jours de l'événement, car ils étaient inquiets et craintifs. Ce comportement était compréhensible, les Indiens ont pendant des siècles été poursuivis, agressés et décimés par les « hommes blancs ».
Néanmoins, après quelques réunions et réflexions, divers chefs indigènes ont décidé d’y participer, après avoir pris la mesure de l'importance de ce moment historique. Cette participation s'est produite le 19 avril, qui ensuite a été choisi, dans le continent américain, comme le Jour de l'Indien.



Commémorations et importance de la date

En ce jour se produisent plusieurs événements dévoués à la valorisation mise en valeur de la culture indigène. Dans les écoles, les élèves ont l'habitude de faire des recherches sur la culture indigène, les musées font des expositions et les communes organisent des fêtes commémoratives.
Il doit être aussi un jour de réflexion sur l'importance de la conservation des peuples indigènes, de la préservation de leurs terres et du respect face à leurs manifestations culturelles.

Personne ne doit oublier aussi, que les Indiens habitaient déjà le Brésil quand les Portugais sont arrivés ici en l’an 1500.
Depuis cette date, ce qui a été vu ce sont l'irrespect et la diminution des populations indigènes. Ce processus se produit encore, car avec l'exploitation et l'exploration des ressources naturelles, beaucoup de peuples indigènes perdent leurs terres.



Caractéristiques de l'alimentation indigène

Nous pouvons dire que l'alimentation indigène est naturelle, car ils consomment des aliments prélevés directement à la nature. De cette forme, ils réussissent à obtenir des aliments exempts d'agrotoxiques ou d'autres produits chimiques. L'alimentation indigène est saine et riche en vitamines, sels minéraux et autres éléments nutritifs.
Comme les Indios ne consomment pas de produits industrialisés, ils sont libres des effets néfastes des conservateurs, de colorants artificiels, de réhausseur de saveur et autres additifs artificiels utilisés dans l'industrie alimentaire.

Ajoutée à une intense activité physique, l'alimentation indigène fournit à la tribu une vie saine. Nous pouvons observer dans les villages isolés (sans contact avec l'homme blanc), qu’il y vit des personnes fortes, saines et heureuses. L’obésité, le stress, la dépression et autres maux que l’on trouve facilement dans les grandes villes, ne gagnent pas ces tribus.

Plats typiques culinaires indigènes
- Tapioca (sorte de pain fin, fait avec de la fécule de manioc)
- Pirão (bouillon épais fait de farine de manioc et de bouillon de poisson).
- Maîs
- Beiju (sorte de gâteau de format enroulé ou sous forme de crèpes, fait avec de la masse de farine de manioc fin).


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6.5.09

"Extrèmement triste.."

Depuis son élection en 2002, le Président n’avais jamais rendu de visite officielle à São Luis.

Lula est arrivé hier à São Luís avec le ministre des Mines et de l'Énergie, Edison Lobão le ministre des Transports, Alfredo Nascimento ainsi que le Ministre des villes, Márcio Fortes.
Accompagnés du Gouverneur Roseana Sarney, ils ont survolés pendant plus de deux heures les régions les plus atteintes.

« Extrèmement trite »... Les premiers mot du Président lors de la découverte des zones sinistrées.
Lula s'est dit impressioné. « Ce que j'ai vu est un État entier pratiquement tout inondé », a t’il dit.
Pour mémoire, le Maranhão est grand comme la France.

Le président Luiz Inácio Lula da silva a annoncé que le Gouvernement Fédéral allait travailler conjointement avec le gouvernement de l'État. « Nous travailleront avec beaucoup de ténacité pour retirer toutes ces personnes de l'isolement. Nous ferons tout ce qui est nécessaire, le plus rapidement possible. Il ne manquera pas de la part du Gouvernement Fédéral, de l’argent pour que les gens puissent retourner à vivre normalement », a t’il affirmé, après avoir survolé les villes plus atteintes par les pluies.

Lula a garanti que le gouvernement sera présent dans ces régions avec une assistance d’urgence jusqu'à ce que la saison des pluies se termine. « C'est important de savoir ce que nous devons faire dans un moment comme celui-là : dans premier temps, nous privilégierons l’envoi de nourriture et l’aide sanitaire. Après les pluies, nous ferons les réparations. Je sais qu’il y a urgence, mais on ne peut rien reconstruire tant que la pluie ne s'arrêtera pas. Après les pluies, le Gouvernement Fédéral fera tout ce qui lui sera possible pour récupérer le Maranhão », a t’il assuré.

Pour Roseana Sarney, la situation est pire encore par rapport à ce qu’elle avait découvert la semaine dernière, quand elle a visité pour la première fois les secteurs atteints. Selon elle, 50 villes maranhense déjà sont dans situation d'urgence.

Le Ministre Lobão a révélé un autre facteur préoccupant : 180 localités sont sans réseau d’électricité.

Les pluies qui atteignent le Maranhão depuis avril, ont déjà touché plus de 154 000 personnes.
De plus en plus de routes sont coupées. Il devient impossible de rejoindre la Capitale de l’État, São Luis.
Lundi, les fleuves Mearim et Itapecuru Mirim sont montés d’environ 60 centimètres dû à de fortes pluies qui ont atteint les régions nord, nord-est et central de l'État.

30.4.09

Situation grave : État d'alerte civile dans le Maranhaõ

84.000, le nombre de personnes sinistrées qui, au 30 avril, se retrouvent sans maison, ici, dans l’État du Maranhão.
5 personnes ont trouvé la mort.

La saison des pluies bat tous les records cette année, les fleuves suffoquent et débordent ; 32 villes se retrouvent dans une situation d’urgence.
L’État d’alerte civile a été décrété dans le Maranhão. Le Gouverneur, Roseana sarney, s’est rendu dans les villes les plus affectées par les pluies.

Cette dernière nuit, Barra do Corda vient tout juste d’être atteinte aussi ; deux maisons se sont écroulées sous le poids des eaux et des écoulements de boue.

Les principales routes du Maranhão sont touchées. Sept d’entre elles sont coupées, inondées, ou ont complètement disparues par tronçons, sous les eaux qui recouvrent, aujourd’hui, d’énormes cratères.
Le département de la défense civile recommande aux personnes de ne pas voyager, des routes menaces encore de s’effondrer.
Les entreprises de Bus (moyen le plus courant de voyager au Brésil) ont suspendus leurs voyages.
L’unique route qui relie Barra do Corda à la Capitale, São Luis, est bloquée. Dans la photo ci dessous, vous pouvez apercevoir l’énorme trou qui s’est formé suite à l’écroulement de la route. Certains aventuriers traversent la route à bord d’un canoë.

Santa Vitória est, pour l’instant, épargnée, même si le niveau de son fleuve est dangereusement élevé.

Il devient difficile pour les secours d’intervenir et de prêter assistance à tous, la pluie continuant de tomber fortement. Malgré cela, le Brésil se solidarise et prête secours.
L’armée a déjà envoyé par avions 80 tonnes de nourriture en direction des villes touchées. 115 autres tonnes sont déjà en chemin.
Il est déjà prévu plus de 120 millions d’euros pour secourir et aider les démunis.
« Le député fédéral Sarney Filho a déclaré, ce matin (jeudi 30 avril), que les R$ 300 millions de Reais, mis à la disposition par le Ministère de l'Intégration pour la récupération des villes atteintes par les pluies, est très peu devant les problèmes affrontés par la population ».

Je vous tiendrai personnellement au courant de l’évolution de la situation ; il va s’en dire que, pour l’instant, le Blog reste sur cette information, jusqu’à ce que la situation s’améliore dans l’État du Maranhão.




























2.4.09

La route fantôme


Nous sommes encore, et ce jusqu’au mois de mai, en pleine saison des pluies, ici dans le Maranhão.
La route qui relie le village de Santa Vitória à la ville de Barra do Corda est déjà difficilement praticable en période sèche.

La pluie crée assez vite d’énormes crevasses.
Il est impossible de faire le trajet sans s’embourber au moins trois ou quatre fois par voyage.

Les voitures-relais qui relient les deux pôles, font le trajet Santa Vitória – Barra do Corda, de nuit. Nous quittons Santa Vitória vers 1 heure du matin. Nous passons la nuit à pousser la voiture, trouver des astuces pour se tirer d’affaire, courir après les pierres ou les tronçons de bois, changer les pneus crevés..Tout cela en pleine forêt.
Nous arrivons en ville vers 7h, quand tout va bien.
(Pour mémoire, 50 kilomètres de piste dans la forêt + 20 kilomètres de route goudronnée séparent les deux axes)
Fréquemment les passagers finissent leurs parcours à pied !


Certes, certains diront : «c’est l’aventure».
Cependant, pour les 1500 habitants de Santa Vitória, cette ‘aventure’ a un prix.
Combien de fatigue, de temps de perdu ?
Combien de gens ont fait cette route en plus de 24 heures ?
Combien de passagers recouverts de boue, parfois jusqu’aux cuisses (oui, jusqu’aux cuisses), devant marcher, chercher un abri, la nuit sans électricité, sans nourriture ni eau, mais avec des enfants sur le dos ?
Combien de gens blessés ou très malades, sont morts et meurent encore sur cette route, faute d’arriver à temps à l’hôpital ?
Imaginez les femmes enceintes qui doivent se rendre en ville pour leur échographie ? Nombreuses sont celles qui ont accouché en pleine route, sans assitance aucune.
Les retraités qui doivent aller retirer l’argent de leur pension ?

Cette piste est un enfer qui vous use et qui vous mange.
Cette piste est un monde entier qui sépare Santa Vitória de la vie.

Les personnes les plus âgées se souviennent aisément des promesses électorales d’il y a plus de 60 ans en arrière et qui reviennent tous les deux ans, à chaque campagne électorale..La fameuse route fantôme.

Il y a quatre ans, Dona Carmosita, qui a vécu pendant 20 ans à Santa Vitória, écoutait une radio locale.
Le Maire de Barrra do Corda y donnait une interview et racontait fièrement que la route qui reliait tous ces villages perdus dans la forêt (dont Santa Vitória) était faite et bien faite.
Aujourd’hui pourront se succéder Maires et Maires..l’argent pour faire cette route n’arrivera plus. Forcément, elle est déjà faite...


Sans eau

Francisquin est connu de tous à Santa Vitória. Il est indispensable et précieux. Il est toujours au centre de vives discussions ; un jour on le blâme, le lendemain on l’adore.

Francisquin est ‘l’élu’, chargé d’approvisionner l’eau dans les foyers du grand village.
Cela fait maintenant presque 20 ans qu’il travaille les deux pieds dans l’eau!

Ce n’est qu’en 1990 qu’un puits a enfin été creusé à Santa Vitória afin d’alimenter les maisons.

En fait, jusqu’en 1984, les habitants venaient recueillir, un saut à la main, l’eau du fleuve. Une fois à la maison, ils vidaient l’eau dans de petites jarres et filtraient l’eau à l’aide d’un linge.

Puis en 1984, padre Ambrogio, un missionnaire capucin indépendant (celui à qui notre école est dédiée), personnage au caractère bien..trempé, décide de fabriquer et d’organiser un premier réseau hydrolique à Santa Vitória!
Il construit deux puits dans le village et installe une pompe à l’ancienne, dans le fleuve. Une vieille pompe de l’époque qui marchait avec le courant.
Avantages :
- les villageois se servaient directement aux puits.
- Cela permettait à padre Ambrogio d’irriguer ses cultures dans un terrain qu’il avait acheté près du fleuve !

Francisquin se souvient bien de son premier jour de travail, le 21 février 1990.
Les travaux venaient de se terminer, un nouveau puits avait été creusé et toutes les maisons de Santa Vitória y étaient désormais reliées. Une pompe efficace avait été placée près du puits, permettant la répartition dans les tuyaux.
Francisquin avait participé aux travaux et on lui a proposé de continuer à travailler. Et il s’est mouillé !

La pompe n’étant pas sufisamment puissante, Santa Vitória est coupée en deux : un jour l’eau est distribuée dans la partie Ouest du village, et le jour suivant uniquement dans la partie Est. Aujourd’hui Santa Vitória compte 400 foyers.

Francisquin a toujours été exploité par la mairie de Barra do Corda. Je me souviens qu’il n’y a encore pas si longtemps il demandait 2 reais par maison à Santa pour gagner sa vie. Il n’a vraiment commencé à gagner de l’argent, le salaire minimum brésilien, qu’à partir de 2004!
Il a pourtant de grandes responsabilités ; il s’occupe non seulement de la distribution de l’eau dans les maisons, mais aussi de la manutention générale, à l’achat du matériel. Il ne peut pas voyager. Personne au village ne connait mieux que lui le fonctionnement de cette oeuvre !

Justement.
La pompe de Santa Vitória ne fonctionne plus.
Depuis quelques jours déjà, elle montrait quelques signes de faiblesse. Francisquin était à Barra do Corda pour essayer de trouver quelqu’un à la Mairie qui veuille bien l’écouter. Nous étions alors dans une période très festive au Brésil et aucun responsable ne semblait prêter attention à ses requêtes.
Francisquin me raconte que le problème ne venait pas de la pompe elle-même, mais de la clef de la pompe (j’éviterai les discours techniques) :
« Un homme sans scrupules et se croyant plus intelligent que les autres, a voulu réparer la pompe en mon absence. Il a inventé une histoire et a réussi à se faire donner la clé de la maisonette qui protège la pompe », raconte Francisquin.
Il continue : « Lorsque cet homme a allumé la pompe, il l’a fait en alimentant le village tout entier au lieu de sa moitié. La pompe n’a pas supporté très longtemps, et tout a pris feu ».

Aujourd’hui, Santa Vitória est sans eau de puits. Les habitants ont repris l’habitude de se baigner au fleuve et d’aller chercher l’eau de ce même fleuve pour la boire.
Comme à l’époque ? A un détail près..De nos jours, le fleuve est bien plus pollué qu’à l’époque.

Une nouvelle pompe, dont le prix est d’environ 5000 reais (soit 2000 euros), devrait bientôt arriver..Lorsque la fête en ville sera finie.


12.3.09

Une 'Farda' dans le vent !


Une des nouveauté de la rentrée scolaire est notre nouvel uniforme.
Il fallait casser la routine et apporter une touche ‘dernier cri’ de bonne humeur dans notre école !

Il en existe maintenant un pour l’équipe et un différent pour les enfants. Cela afin de démarquer les grands enfants des petits enfants dans l’école.. ?. :)

Le vert reste notre couleur de coeur. Il devient un peu plus prépondérant au niveau du haut de la poitrine. En ce qui concerne l’uniforme adulte de l’équipe, la couleur verte se prolonge au niveau des manches et du dos.
Un reflet jaune soleil rayonnant, vient apporter une forte touche de fraicheur.
Un uniforme printanier, dans le vent !

Ces uniformes peuvent être commandés.
Dans toutes les tailles, version enfant ou équipe au prix de 20 euros adulte et de 15 euros enfants.
Votre nom peut être aussi inscrit sur la manche.

Cela au bénéfice complet, il va s’en dire, de notre école et de ses projets.

Faîtes un cadeau à vos proches, l’uniforme de notre jolie école perdue dans une grande forêt brésilienne.

En commande aussi la maillot de l’équipe de Futsal féminine de Santa Vitória, répondant au doux sponsor de « Escolinha Robin hood ».
Version adulte uniquement, toutes les tailles, au prix de 20 euros.

Afin de vous présenter notre ligne ‘2000neuf’, notre équipe a accepté de ‘jouer le jeu’..




























Rentrée scolaire


C’est reparti !

Après deux mois de grandes vacances, nos enfants ont enfin retrouvé le chemin de l’école !



En ce lundi 2 mars 2009, 58 enfants ont repris crayons, cahiers et une bonne dose de courage, il fallait se remettre au travail !

Cette rentrée a certainement été la plus sereine de toutes celles connues dans notre école.
Les 14 nouvelles frimousses, qui ont entre 3 et 4 ans, n’ont pas versé une seule larme de crocodile ! Cela étant dû au fait que :

- Nombreux sont les nouveaux arrivants qui ont un grand frère ou une grande soeur dans une classe supérieure.
- Notre école est véritablement devenue une îcone pour tous les enfants. Combien de maman qui me racontent que leur enfant de 2 ans ne demande déjà qu’à aller à l’école ‘Robin Hood’ !!

Cette rentrée scolaire, ainsi que la traditionelle réunion avec les parents, se sont donc déroulées dans un excellent état d’esprit. La motivation et l’envie de recommencer était évidente chez les grands, comme chez les petits.

Au Brésil, il existe de nombreux jours fériés, mais bien moins de vacances régulières et prolongées.
Il faudra donc attendre le mois de juillet, pour que les enfants comme notre équipe, retrouvent des vacances, qui dureront 4 semaines.

En attendant, nous allons tous bosser très dur..


24.2.09

"Puisque nous sommes nés", le documentaire.

"Puisque nous sommes nés", de Jean-Pierre Duret et Andréa Santana,

Synopsis :
Brésil. Nordeste. Une immense station-service au milieu d'une terre brulée, traversée par une route sans fin.
Cocada et Nego ont 13 et 14 ans. Cocada a une rêve, devenir chauffeur routier. Il dort dans une cabine de camion et, la journée, il rend service et fait des petits boulots. Son père est mort assassiné alors il s'est trouvé un père de substitution, Mineiro. Un routier qui prend le temps de lui parler et de le soutenir quand la tentation de l'argent mal acquis se fait trop forte.
Nego, lui, vit dans une favela, entouré d'une innombrable fratrie. Après le travail des champs, sa mère voudrait qu'il aille à l'école pour qu'il ait une éducation mais Nego veut se sortir de là, gagner de l'argent. Le soir, il rôde à la station, fasciné par les vitrines allumées, les commerces qui vendent de tout, la nourriture abondante.
Avec son copain Cocada, ils regardent le mouvement incessant des camions et des voyageurs. Tout leur parle une langue dont ils n’en savent rien.
Avec cette singulière maturité qu'on acquiert trop tôt dans l'adversité, ils s'interrogent sur leur identité et leur avenir.
Leur seule perspective : une route vers São Paulo, vers un ailleurs.


Critique:
Nous sommes allées voir ce film qui passait dans moins de dix salles à Paris et une seule salle à Lyon… Il fallait donc mériter de le voir !
Si Jamel n’avait pas produit ni promu ce film, on serait sûrement passé à côté, malheureusement !
Nous avons été beaucoup touchées et interpellées, par nos liens avec Santa Vitória, mais pas seulement ! Ce documentaire est avant tout de qualité !
Sans que l’histoire soit époustouflante et qu’il y ait des péripéties à chaque plan, on est tout de suite attaché à ces enfants.
Nous avons été marquées par les sonorités de ce film : très peu de musiques, mais une retranscription des sons du quotidien plus que réelle.
Ces deux enfants, brésiliens du Nordeste sont au fond des enfants comme les autres, avec leurs interrogations, leurs rêves, leurs jeux, etc… En revanche, ils n’ont pas autour d’eux les moyens de les réaliser ni les facilités que nous pouvons rencontrer chez nous…
On pourrait ainsi vous dire que nous avons voyagé dans le Nordeste, confortablement installées dans nos fauteuils, mais rien ne vaut un vrai séjour sur place…
A vous d’aller le voir et de nous faire partager vos impressions !

Lucie et Marion Inbona

18.2.09

Une 'jolie’ équipe...


Santa Vitória n’est pas réputée pour la qualité de ses loisirs..

En revanche, comme toute réputation justifée, les brésiliens sont aussi de grands joueurs de foot et leur apprentissage se fait très souvent dans la rue, dans les cours abandonnées, dans les terrains vagues, dans les champs mal irrigués, bref, dans chaque mètre carré d’un espace de terre.
Où une vieille canette de soda, une balle de tennis déjaunie où une vraie balle un peu trop dégonflée se transforme en un ballon génial, celui que Ronaldinho claquera aux fonds des buts en finale d’une coupe du monde de l’imaginaire..

Aujourd’hui, au village de Santa Vitória, ce ne sont plus seulement les garçons qui jouent au football.
Une jolie troupe d’environ 16 jeunes filles, s’est passionée par le “Futsal” et par toutes les émotions que peut procurer ce sport d’équipe.
Le Futsal est un football avec un terrain plus étroit et moins de joueurs.

Un petit terrain en ciment, de très mauvaise qualité, a été construit il y a à peu près un an. Et les jeunes filles, dont certaines jouaient déjà sur les chemins de terre depuis la petite enfance, ont commencé à se réunir et taper dans un ballon de volley assez décousu.

Par le plus grand des hasards, une fin d’après-midi, je me suis retrouvé à observer ces footballeuses qui ont, en moyenne, entre 14 et 17 ans. J’ai vu grandir la plupart d’entre elles, mais..quelle surprise !..d’être émerveillé devant tant d’abnégation, de joie de jouer, cette naturelle beauté du sport lorsqu’il est pratiqué avec simplicité et une énergie débordante.
Et que de talents en herbe ! De la technique alliée au courage, de la vitesse et beaucoup de souffle.

Nous avons décidé de mettre en place une collaboration et organiser nos accords...
Je leur ai acheté un jeu de maillots de foot et un ballon. Je leur ai aussi proposé mes modestes services d’entraineur-manager lors de mes présences au village. En échange, elles devront porter le ‘sponsor’ : «Ecole Robin Hood» sur leurs maillots et respecter quelques règles basiques d’éducation et de respect.

Les filles m’ont promis qu’en cas de victoire dans un tournoi (un jour..), le très modeste pactole recueilli (qui tourne toujours entre 10 et 50 euros pour toute l’équipe) servirait à me rembourser les maillots. ..Nous avons cependant convenu que ce pécule irait directement au fonctionnement de notre belle école.
En attendant, nous avons beaucoup de travail..

Ce jour-là, deux équipes ont débarqué à Santa Vitória pour un mini-championnat.

Santa Vitória a gagné, sans sourciller, contre le village de ‘Palmerão’ par un score plutôt flatteur de 8 à 2.

En finale, Santa Vitória affrontait la ville de São Roberto, une des deux équipes les plus fortes de la région avec Barra do Corda. Une équipe de ‘riches’, en chaussures et protège-tibias pour la plupart!!
Nos filles ont été héroïques et après avoir mené 4 à 2, elles ont finalement perdu dans les prolongations 6-4.

Quelques larmes plus tard, l’horizon s’éclaircissait avec de nouveaux objectifs fixés.

L’engouement créé au village, est aussi quelque chose de très positif.
Pour ces gamines, le football, est plus qu’un loisir. C’est aussi un moyen d’exister, d’assouvir leur besoin de reconnaissance.
C’est autrement plus important qu’un coup de pied dans un ballon.

Nous vous tiendrons au courant des résultats de notre petite équipe féminine..

Bora Santa Vitória !

(Photos: Juliana, Claudeane et Nagila le gardien de but!.. Dernière photo en bas, l'équipe de São Roberto qui a remporté le tournoi)