Jusqu’à l’âge de 7 ans un enfant au Brésil est laissé à la charge de sa municipalité. Bien souvent, dans les régions les plus pauvres, les municipalités n’ont pas les moyens (ou ne se donnent malheureusement pas toujours les moyens) d’ouvrir des écoles de pré-scolarisation. Nous ne pouvons pas laisser les enfants sans savoir lire et écrire, indépendamment des conditions de vie de chacun d’entre eux...

L’Association Santa Vitória a créé une école pré-infantil dans le grand village de Santa Vitória, dans l’Etat du Maranhão au Brésil, à quatre heures d’une route tortueuse de la première ville. Pendant les cinq mois de période des pluies, la route est impraticable et laisse difficilement passer quelconque moyens de transport. A Santa Vitória il n’y a pas de médecin.

Les enfants apprennent en priorité à lire et à écrire. Le respect de l’autre, l’éveil moteur ou encore l’hygiène sont des éléments tout autant appliqués dans l’école. Notre travail est aussi de renforcer le lien social à travers la santé. Les enfants sont pris en charge en cas d’urgence et les familles sont suivies pour des conseils santé ou en ce qui concerne les différentes formes de prévention.

15.3.10

Nouvelles têtes!

En cette nouvelle année scolaire, voici trois nouvelles têtes qui font partie de notre aventure désormais …

Dona Jacinta, notre nouvelle merendeira-zeladora (cuisinière, responsable propreté-hygiène), est part entière de l’historique de notre prédécesseur et de son école ; elle a travaillé pendant 12 ans avec padre Ambrogio, le missionnaire capucin qui avait créé une école à Santa Vitoria dans les années 80.
Gustavo, notre instituteur, était élève de l’école «Maria Menina» de padre Ambrogio, alors que Dona Jacinta était déjà la Zeladora !!

Jacinta, est née il y a 55 ans dans un autre de ces villages perdus de la forêt maranhense.
Elle a eu 4 enfants, dont deux sont malheureusement décédés.
Elle en a adopté trois autres. Les deux premiers, des garçons de 3 et 5 ans, sont arrivés de façon peu banale : leur maman, soi-disant malade et devant se rendre en ville, avait demandé à Jacinta de les garder une semaine. Elle n’est réapparue que 17 ans plus tard.
Concernant le troisième enfant adopté, sa maman avait menacé de le jeter dans le fleuve à sa naissance et Jacinta l’a recueilli et accueilli !
Aujourd’hui, ses enfants sont mariés et l’ont rendue grand-mère plusieurs fois !

Elle garde un souvenir très fort de padre Ambrogio, comme tous ceux qui l’ont bien connu, d’ailleurs.
Elle se souvient qu’un jour, pour des broutilles, il l’avait virée de l’école..Quelques mois plus tard, padre Ambrogio la suppliait de revenir, mais Jacinta a tenu bon pendant presque trois ans.. Jusqu’au jour où il l’a menacée (sous forme d’humour sérieux comme il savait si bien le faire) : « Si tu ne reviens pas, tue-moi et enterre-moi tout de suite » !
Dona Jacinta a retrouvé son travail et ne l’a plus quitté jusqu’à la mort de padre Ambrogio, en 2004 : « Je ne vous laisserai plus jamais Jacinta » disait-il souvent en se repentant toujours !
Dona Jacinta : « C’était un personnage incroyable, créatif, un battant qui nous transmettait beaucoup. Il était toujours disponible, jour et nuit, pour soutenir ma famille ; c’était un papa pour moi, je ne l’oublierai jamais.. ».

Dona Jacinta n’avait encore jamais travaillé pour notre école ; tout n’a pas été rose depuis le décès du missionnaire. Sa fille la plus jeune est dépressive et fait de temps en temps des crises assez fortes.
Dona Jacinta est une battante, elle travaille pour trois, elle ne mâche pas ses efforts, elle est formidable de gentillesse, ..Dona Jacinta, tout le monde l’aime. C’est merveilleux de la (re)voir travailler dans la paroisse, là où padre Ambrogio avait sa propre école à l’époque.

Elle se relaye avec Francisca, dans le travail : 15 jours Merendeira, puis 15 jours Zeladora et elles inversent !
Elle est très heureuse de travailler dans notre école !


Antonizete, est née en 1987, à Senaria, un village du Maranhão.
Elle a 4 frères et sœurs, mais vit depuis seulement quelques jours avec son fiancé. Antonizete est enceinte ! Son mari (au Brésil, il suffit d’habiter avec son conjoint pour se considérer comme mariés, avec des droits similaires), travaille dans sa roça, son champs, où il cultive du riz, des fayots, de la courge, du maïs, de la pastèque, ect., pour leurs propres besoins.
Antonizete a son bac et participe à des cours, à Santa Vitoria, un samedi/dimanche par mois, afin de pouvoir participer à des concours publics par la suite. Elle souhaiterait travailler dans l’éducation.

Elle est très fière de travailler dans notre Escolinha : « j’ai toujours été admirative de voir comment se développent les enfants de cette école. J’aime votre façon d’éduquer, votre façon de transmettre cette éducation ; dans notre région ça n’existe pas » dit-elle. « Pour moi, c’est une très bonne formation ! », rajoute-t-elle.

Antonizete, est, cette année, institutrice d’une classe de soutien l’après-midi, pour des enfants âgés de 8 à 11 ans. Elle est aussi notre première remplaçante en cas de défaillance d’un instituteur du matin.
En plus, elle fera son stage comme tout bon remplaçant, une semaine par mois, le matin, en aidant nos instituteurs, afin de s’habituer et de se familiariser avec notre école et ses ‘habitants’.

Antonizete a soif de travail. Elle est arrivée avec une motivation énorme et un esprit remarquable : elle veut apprendre !


Juracy est un nouveau jeune homme dans notre projet !
Il aura 18 ans le 22 mars; il vit avec sa maman, sa sœur, et ses deux petites nièces, nées d’une autre sœur.
Il continue ses études tant bien que mal, au collège public de Santa Vitória.
Il rêve d’être médecin, mais est bien conscient des difficultés liées à sa condition, pour arriver à faire des grandes études au Brésil,.

Il est notre deuxième remplaçant- stagiaire. C’est un garçon d’une très grande gentillesse et les enfants l’apprécient.

Il est très content d’avoir rejoint notre Escolinha : « Mes petites nièces fréquentent l’Escolinha Robin Hood et j’ai toujours aimé cette école. L’équipe est très unie, je trouve formidable le charisme dont font preuve les instituteurs avec les enfants » dit-il.
Lorsque je lui demande ce qu’il est venu ‘chercher’ en venant travailler avec nous, il me répond par cette très jolie phrase: « Quand on enseigne, on apprend beaucoup, ..on apprend aussi à se mesurer à la société ».

Intercâmbio!

Nous avons organisé une formation pour notre équipe pédagogique, dans la ville de Barra do Corda, une semaine avant la rentrée scolaire.

Une école de Barra do Corda, le «Cantinho Beija-Flor» (« la petite maison du Colibri »), a reçu nos instituteurs en tant que stagiaires pendant trois jours. Ils ont été reçus comme des princes, mais ont travaillé comme des soldats !
L’observation a vite été remplacée par une participation active et une belle collaboration avec les instituteurs du Beija-Flor.
























Le dernier jour, une réunion a ensuite permis à tous d’échanger sur leurs méthodes d’enseignement, les problèmes rencontrés dans leur école, dans leur classe.
Les instituteurs du « Beija-Flor » avaient préparé des exposés et nous ont offert du matériel éducatif créatif fait ‘maison’ et prêt à l’emploi. Un très grand cadeau.










Ce fut bien plus qu’un simple ‘stage’ : aujourd’hui, ce sont deux écoles qui sont unies.
Thélysse, la Directrice, que nous remercions très fortement, est en train d’organiser une aide régulière pour notre Escolinha, probablement au niveau du matériel scolaire et des idées créatives nouvelles à appliquer dans notre école.























Cette rencontre a parfaitement dépassé mes espérances, et, en voyant ces instituteurs des deux écoles réunis et émus en s’embrassant lors des adieux, je ne pouvais pas rester indifférent : nous recevrons à notre tour, à la saison sèche, l’équipe du Cantino Beija-Flor à Santa Vitória…