Jusqu’à l’âge de 7 ans un enfant au Brésil est laissé à la charge de sa municipalité. Bien souvent, dans les régions les plus pauvres, les municipalités n’ont pas les moyens (ou ne se donnent malheureusement pas toujours les moyens) d’ouvrir des écoles de pré-scolarisation. Nous ne pouvons pas laisser les enfants sans savoir lire et écrire, indépendamment des conditions de vie de chacun d’entre eux...

L’Association Santa Vitória a créé une école pré-infantil dans le grand village de Santa Vitória, dans l’Etat du Maranhão au Brésil, à quatre heures d’une route tortueuse de la première ville. Pendant les cinq mois de période des pluies, la route est impraticable et laisse difficilement passer quelconque moyens de transport. A Santa Vitória il n’y a pas de médecin.

Les enfants apprennent en priorité à lire et à écrire. Le respect de l’autre, l’éveil moteur ou encore l’hygiène sont des éléments tout autant appliqués dans l’école. Notre travail est aussi de renforcer le lien social à travers la santé. Les enfants sont pris en charge en cas d’urgence et les familles sont suivies pour des conseils santé ou en ce qui concerne les différentes formes de prévention.

2.4.09

La route fantôme


Nous sommes encore, et ce jusqu’au mois de mai, en pleine saison des pluies, ici dans le Maranhão.
La route qui relie le village de Santa Vitória à la ville de Barra do Corda est déjà difficilement praticable en période sèche.

La pluie crée assez vite d’énormes crevasses.
Il est impossible de faire le trajet sans s’embourber au moins trois ou quatre fois par voyage.

Les voitures-relais qui relient les deux pôles, font le trajet Santa Vitória – Barra do Corda, de nuit. Nous quittons Santa Vitória vers 1 heure du matin. Nous passons la nuit à pousser la voiture, trouver des astuces pour se tirer d’affaire, courir après les pierres ou les tronçons de bois, changer les pneus crevés..Tout cela en pleine forêt.
Nous arrivons en ville vers 7h, quand tout va bien.
(Pour mémoire, 50 kilomètres de piste dans la forêt + 20 kilomètres de route goudronnée séparent les deux axes)
Fréquemment les passagers finissent leurs parcours à pied !


Certes, certains diront : «c’est l’aventure».
Cependant, pour les 1500 habitants de Santa Vitória, cette ‘aventure’ a un prix.
Combien de fatigue, de temps de perdu ?
Combien de gens ont fait cette route en plus de 24 heures ?
Combien de passagers recouverts de boue, parfois jusqu’aux cuisses (oui, jusqu’aux cuisses), devant marcher, chercher un abri, la nuit sans électricité, sans nourriture ni eau, mais avec des enfants sur le dos ?
Combien de gens blessés ou très malades, sont morts et meurent encore sur cette route, faute d’arriver à temps à l’hôpital ?
Imaginez les femmes enceintes qui doivent se rendre en ville pour leur échographie ? Nombreuses sont celles qui ont accouché en pleine route, sans assitance aucune.
Les retraités qui doivent aller retirer l’argent de leur pension ?

Cette piste est un enfer qui vous use et qui vous mange.
Cette piste est un monde entier qui sépare Santa Vitória de la vie.

Les personnes les plus âgées se souviennent aisément des promesses électorales d’il y a plus de 60 ans en arrière et qui reviennent tous les deux ans, à chaque campagne électorale..La fameuse route fantôme.

Il y a quatre ans, Dona Carmosita, qui a vécu pendant 20 ans à Santa Vitória, écoutait une radio locale.
Le Maire de Barrra do Corda y donnait une interview et racontait fièrement que la route qui reliait tous ces villages perdus dans la forêt (dont Santa Vitória) était faite et bien faite.
Aujourd’hui pourront se succéder Maires et Maires..l’argent pour faire cette route n’arrivera plus. Forcément, elle est déjà faite...


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